Écrit par Maamar Metmati
Lorsque l’on parle du hadith, on parle obligatoirement de la chaîne de transmission, à savoir :
L’Isnad إسناد
Puisque ce n’est non pas le Matn (le texte) mais l’Isnad qui fait ou non l’authenticité du dit hadith. Et Ceci est tellement vrai qu’il existe des spécialistes en cette matière, lesquels se font appeler muhaddithoun. Ainsi, ce sont les mouhaddithoun qui après avoir étudié la chaîne de transmission - donc l’isnad -, décident si oui ou non le hadith est authentique.
Et à défaut que le hadith supporte le label authentique, il sera alors qualifié d’autres choses comme par exemple :
Hassan, faible, faux…etc.
Mais ceci n’est pas le sujet de cet article. Car le sujet regarde seulement et uniquement Le hadith
Parmi les conditions pour le moins draconiennes, que doit remplir le hadith authentique, sont par exemple selon l’imam Chafirie, les suivantes :
"Chaque rapporteur doit être digne de confiance dans sa religion; il devra être connu pour être véridique dans son récit, de comprendre ce qu'il rapporte, savoir comment une expression différente peut modifier la signification du Hadîth, et de rapporter les mots du Hadîth mot pour mot, et pas seulement au niveau de sa signification".
Mais aussi par exemple :
Le hadith sahih est le plus haut degré dans l'authenticité. Il doit réunir cinq conditions que les savants ont définit :
1. Qu'il possède une chaîne de transmission liée
2. Que ses rapporteurs soient justes ('udûl, pl. de 'adl)
3. Que ses rapporteurs aient une excellente mémoire
4. Qu'il ne soit pas châdh (litt. singulier)
5. Qu'il ne contienne pas de défaut (mu'allal)
Mais aussi, selon le Cheikh Outhaymine, je cite :
Nous avons précédemment expliqué que le hadith authentique par lui-même est celui qui a été rapporté par des transmetteurs intègres (1) et à la mémoire irréprochable (2), avec une chaîne continue (3) et qui est dépourvu de marginalité (4) et de défaut invalidant (5). [1]
Ainsi, tous les recueils de hadiths sont soumis à l’examen de vérification de la chaîne dite de transmission
Cheikh Othmane Al-Khamiss dit :
« La question de l’authentification du hadith ou son affaiblissement…premièrement si le hadith se trouve dans le sahih de Boukhari ou Mouslim, il n’a pas besoin d’être authentifié par (le Cheikh) Albani, parce que la Oumma s’accorde sur le fait que tous les hadiths qui se trouvent dans le sahih de Boukhari et Mouslim sont authentiques. Je ne parle pas des hadiths d’autres recueils comme : Tirmidhi, Nasa’i, ibn Majah… »
Ceci pour une raison très, très simple.
Ces deux recueils ne contiennent que des hadiths authentiques, même si avec le temps cette prétention a été revue à la baisse.
C’est pourquoi vous remarquerez que lorsqu’un cheikh fait un prêche ou un cours, et qu’il cite un hadith autre que dans ces deux recueils, il ajoutera :
hadith authentifié par… OU isnad sahih selon tel ou tel savant du Hadith… etc
Et ceci est vérifiable sur internet tant en vidéos, que dans la quasi intégralité des sites internet.
A contrario, si il cite un hadith figurant dans Boukhari ou Mouslim, il se contentera de dire
Fi sahih Boukhari /// rawahou Boukhari fi sahih رواه البخاري
Fi sahih Mouslim /// rawahou Mouslim fi Sahih رواه مسلم
On n’authentifie pas ce qui est déjà authentique… Logique…
Ainsi et contrairement aux autres recueils, ce qui fait la particularité du sahih de Boukhari et de Mouslim étant que tous deux rapportent uniquement des hadiths authentiques, étant donnée que :
Elle répond à toutes les exigences fixées par les savants en la matière.
Alors que pour les autres recueils, l’isnad doit obligatoirement être vérifié avant d'être considéré soit comme authentique, faible, faux… etc. En d’autres termes, la qualité des deux sahihs repose exclusivement sur la qualité de leurs chaînes de transmission.
Me concernant, des critiques à l’encontre de la science du hadith sont nombreuses, y compris ceux figurant dans les deux sahihs. Car c’est la science du hadith qui me pose problème pour un certain nombre de raisons que j’ai plus ou moins évoqué.
Cependant, ici, je me contenterai d’une seule et unique démonstration. Entrons donc dans le vif du sujet :
Lorsque nous lisons les deux sahihs, on se rend compte que Boukhari et Mouslim rapportent tous deux, des hadiths dans lesquels figurent le « compagnon » :
Mourawiya ibn Abi Sofiane - معاوية بن ابي سفيان
Il ne répond donc en rien au « garantie de représentation » en la matière.
Je vous renvoie par exemple au livre de Mawdoudi, le califat et la royauté.
Cependant, afin d’éviter toute polémique, je vais mettre de côté ce livre et mettre aussi de coter 99,9999% des récits avérés ou pas, qui sont reprochés à Mourawiya : Faits historiques figurant pourtant dans des livres sunnites, cités par des plus éminents et respectables savants :
Mais bon …
Je vais me contenter d’une seule et unique démonstration, laquelle sera suivie d’une seule question.
En feuilletant ma bibliothèque, je suis tombé sur ce texte :
Puis arriva l’année quarante six. Enumération des événements qui s’y sont déroulés
Durant cette année, Abdul Rahman Ibn Khalid Ibn Al Walid quitta le pays des Romains et alla vers Humouss ou Ibn Athal Al Nassrani (le chrétien) lui glissa une boisson empoisonnée, d’après ce qu’il a été raconté, lorsqu’il la bu, il mourut. Voilà les motifs et les circonstances de sa mort :
La cause a été, d’après ce qu’il m’a été transmis par Omar : Que Abdelrahman Ibn Khalid Ibn Al Walid pris de la valeur, de l’ampleur et de l’importance à Damas. Ses habitants avaient un penchant vers lui et surtout par rapport à ce qu’ils gardaient en mémoire de l’audace et les bonnes traces de son père Khalid Ibn Al Walid qui résida sur les terres Romaines. Ce qui suscita la peur de Mourawiya au point que ce dernier ait peur pour sa propre personne (son pouvoir). Il ordonna à Ibn Athal (le chrétien) de le piéger afin de le tuer et lui proposa en récompense de lui payer les impôts tout le long de sa vie et en plus, de lui confier la tâche de collecteur des impôts de la ville de Humouss. Lorsque Abdelrahman Ibn Khalid Ibn Al Walid quitta la terre des Romains et arriva à Humouss, Athal lui glissa une boisson empoisonnée avec certains de ses Mamelouk, lorsqu’il l’a bu, il mourut à Humouss. Mourawiya tena sa promesse envers Ibn Athal en lui payant ses impôts et en le chargeant des impôts de Humouss.
Lorsque Khaled Ibn Abdulrahman Ibn Khalid Ibn Al Walid arriva à Médine, il rencontra un jour Ourwa Ibn Zoubayr, il le salua, ce dernier lui dit : « qui es-tu ? » Khaled Ibn Abdulrahman répondit «Je suis Khalid Ibn Abdulrahman Ibn Khalid Ibn Al Walid”. Il lui dit : « Qu’a fait Ibn Athal ? (Il a tué ton père) » Khalid partit de chez lui et se dirigea vers Humouss, où il observa Ibn Athal. Il le vu un jour sur son cheval, il l’intercepta et le tua avec son épée. Par la suite, il a été transféré à Mourawiya qui l’emprisonna quelques jours, lui infligea une amende et ne discuta pas de l’affaire.
A en croire ce récit, Mourawiya a fait empoisonner le fils de Khalid ibn Walid … Ainsi, on nous a dit que Tabari était ceci, était cela... Etc.
Ainsi, ce que nous vous proposons, est de mettre de côté Tabari... Du moins, le texte que nous venons de cité, n'est pas uniquement rapporté par Tabari.
En effet :
Et Évidemment, si on élargit notre recherche, ce texte doit être sans aucun doute rapporté par beaucoup plus de références.
On apprend à travers ces textes, que Mourawiya a fait empoisonner le fils de Khalid ibn Walid dans le seul et unique but :
De la même manière, nous apprenons dans ces textes ce qui suit, je cite :
Murawiya se réjouit de la mort de Hassan (ibn Ali)
Lorsque Murawiya a appris par l’intermédiaire de Merwane la mort de Hassan lequel était à Médine. Ibn Abbas qui était au Chams ("Grande Syrie") en fut prévenu... Ibn Abbas se présenta à Murawiya (ibn Abi Soufiane) et vu que celui-ci se réjouissait de la mort de Hassan ibn Abbas. Et il lui dit : «Alors ne te réjouit pas (trop) de la mort de Hassan par Allah tu ne vivras (profiteras du pouvoir) après lui, que très peu »
La mort d’Al-Hasan ibn Ali,r.a.
Le narrateur dit : en l’an cinquante et un [3] Al-Hasan ibn Ali succombe au mal qui finira par le tuer. Le gouverneur de Médine écrit un message pour en informer Mu’awiya. Ce dernier répond comme suit : "si tu peux faire en sorte de ne pas laisser passer une seule journée sans m’informer sur l’évolution de son état, fais-le. C’est ce qu’il a fait, effectivement, jusqu’au jour du décès.
Lorsqu’il l’informe qu’Al-Hasan est mort, il se montre joyeux et se réjouit, au point de se prosterner, imité par ceux qui sont en sa compagnie.
L’histoire tombe dans les oreilles d’Abdallâh ibn ‘Abbâs, qui est alors à Al-Châm. Il va voir Mu’awiya. Lorsqu’il s’assoit,
-Mu’awiya lui dit : ô ibn ‘Abbâs ! Al-Hasan ibn Ali a péri.
- Ibn ‘Abbâs dit : oui, il a péri (nous sommes tous à Dieu, et à Dieu nous retournerons) – il la répète plusieurs fois. J’ai aussi su que tu as montré ta joie et ta réjouissance pour sa mort. Par Dieu, son corps n’a pas bouché ta tombe, et la brièveté de son destin ne prolonge en rien ta vie. Il est mort, alors qu’il est mieux que toi. Et si sa mort nous atteint, la mort de ceux qui sont meilleurs que lui a précédé : son grand-père, le messager de Dieu (pbsl). Que Dieu nous console pour sa perte, et qu’il nous prodigue après lui le meilleur des successeurs.
Puis, ibn ‘Abbâs se mit à sangloter
Puisque On nous a dit, je cite de nouveau :
"Chaque rapporteur doit être digne de confiance dans sa religion; il devra être connu pour être véridique”
Que ses rapporteurs soient justes ('udûl, pl. de 'adl)
Nous avons précédemment expliqué que le hadith authentique par lui-même, est celui qui a été rapporté par des transmetteurs intègres… [2]
Si oui, alors débat clos.
Faut-il rappeler que même les kouffars n’acceptent pas le témoignage d’un bandit criminel...
Alors, comment peut-on ensuite nous dire que les chaines de transmission de Boukhari et de Mouslim sont authentiques puisqu’elles ne contiennent que des gens de confiances, pieux, justes …?
La question qui se pose est de savoir, est-ce que l’on peut circonscrire cette vérité uniquement aux hadiths dans lesquelles figurent Mourawiya ?
Par conséquent, La théorie selon laquelle les chaines de transmissions de Boukhari et de Mouslim sont bétons, ne tient plus.
De ce fait, ça entache l’ensemble de l’œuvre.